Après un petit retour en arrière [ PV : Aedlan ]

Se baladant aléatoirement dans un milieu qu'il ne connaissait pas encore, Aedlan finit par se retrouver au parc. C'est vrai qu'il était beau, tous les gens qui se promenaient là avaient l'air heureux, il y avait beaucoup de couples, parfois avec enfants. Un jeune homme était en train de peindre aussi.

Il continua de marcher dans le parc. Il s'arrêta un petit instant au pied d'un arbre, relevant la tête vers les oiseaux qui chantaient. Le chant des oiseaux l'avait accompagné durant tout son exil, il avait finit par être si quotidien qu'il n'y avait plus fait attention après, mais là, depuis qu'il était de retour à l'humanité, ça lui manquait.

Il écoutait tranquillement la douce mélodie animale lorsqu'elle le frappa. Ca faisait deux semaines environ qu'il n'en avait pas eu. Sentant venir la crise, il se précipita à l'abri de tout regard derrière un arbre. Le froid commença à l'envahir, traversant sa chair et même ses os pour saisir ses entrailles, il resserra ses jambes contre lui et se prit la tête entre ses bras. La douleur commença à arriver, il savait que c'était inévitable, alors il l'attendit. Les larmes lui montèrent aux yeux tandis qu'il revoyait et revivait les moments difficiles de son enfance. Il fut alors prit de tremblements et les images défilèrent de plus en plus vite, déchirant son coeur et déchiquetant son âme.
Il avait mal, mais ne criait pas, sa plainte était silencieuse, car c'est ainsi que s'exprime les grands souffrances.
Comme à chaque fois, en fin de crise, l'image de son accident qui avait bouleversé sa vie lui revint, et la voix de la jeune fille qu'il avait sauvé lui rappelait encore et encore...

*Tu la porte... la cendre...*

La douleur de l'âme s'estompa petit à petit, le laissant sécher ses larmes et reprendre peu à peu le contrôle de ses muscles. Il se leva. Il se tenait le front de sa main droite et sortie de sa cachette, tête basse, observant ses vêtements complètement noirs un peu froissés qu'il tentait de remettre correctement de son autre main.
Faisant cela, il percuta une fille de côté, la faisant tomber.
Surpris par lui-même, il s'abaissa pour l'aider à se relever et se confondis en excuses.

-"Pardon, je ne t'avais pas vu. Je ne t'ai pas fait mal ?"

On voyait encore sur son visage les traces salées de ses larmes récentes, ses yeux rouges et mi-clos laissaient transparaitre l'horreur qu'il venait de vivre. Ce n'était pas vraiment un visage auquel on s'attend quand quelqu'un vient vous aider. La fille se releva et il la regarda comme à son habitude : inexpressivement, comme s'il n'avait de raison de vivre que d'attendre la suite des événements, et c'est bien ce qu'il faisait, il attendait la réaction de la pensionnaire.
Baissant un peu la tête, il vit qu'elle avait perdu son portable durant le choc, il s'abaissa pour le ramasser et lui tendit, d'un geste las, sans un regard.

Elle n'avait pas l'air de prendre sa chute trop mal, il ne voyait pas trop pourquoi elle s'excusait... rah si, fichue politesse ! Il fut si étonné qu'elle le vouvoie que ses yeux s'ouvrir entièrement l'espace d'un instant, avant de reprendre leur aspect inexpressif et mi-clos. Il la regarda un petit instant au travers ses lentilles vertes.

-"Aedlan."

Puis, comme il se doutait que s'il ne le disait pas elle continuerait à le vouvoyer il ajouta sur le même ton :

-"Tu peux me tutoyer."

Il n'avait pas bouger d'un pouce et gardait son air trop décontracté, ses yeux perdant un peu de leur éclat de folie, il passa une main pour finir de sécher ses traces de larme. Puis, une question stupide lui vint à l'esprit.

-"Tu es du pensionnat ?"

Deux enfants passèrent entre eux-deux avec un ballon, les faisant reculer légèrement, Aedlan n'en tint pas vraiment rigueur même si ce genre de dérangement l'agaçait sur le fait.

S'assoir sur un banc ? Il tourna légèrement sur lui-même pour regarder le banc fameux banc dont elle parlait. Puis, sans lui répondre, se dirigea vers celui-ci et s'y assit. Elle le rejoignit rapidement. Il garda la tête basse, observant sans vraiment y porter attention ses pieds.

-"Je viens d'arriver au pensionnat."

Il ne se sentait pas confortablement assis, aussi se repositionna-t-il convenablement : posant l'une de ses grosses chaussures sur le genoux de l'autre jambe, déplaçant légèrement son corps de côté de façon à ce qu'il soit de bié et laissant tomber son bras gauche négligemment sur sa jambe pliée. Il gardait cependant le regard plongé vers le sol.

Il n'était pas du genre causant, mais ouvert à tout sujet, sauf peut-être son passé avec lequel il avait rompu.

-"Je n'ai pas croisé beaucoup de garçons au pensionnat."

Non pas que ça le dérangeait, mais c'était histoire de dire quelque chose. Il avait trop accompagné le silence, il fallait que ça cesse. Ce ne serait pas facile de retrouver une vie de groupe, et ce n'était pas son but premier en venant ici. Ce qu'il voulait avant tout, c'était voir autre chose que de l'effroi dans les yeux des autres à son égard.

Ses yeux se perdirent dans la contemplation de petits oiseaux venus près d'eux, qui sautillaient et piaillaient comme des petits fous. Il ferma un instant les yeux, laissant le vent couler sur sa peau, lui rappelant ses semaines de solitude. Fronçant les sourcils, il chassa cette idée de nostalgie de sa tête et plongea son regard vide de sens dans celui d'Asuka.

-"Pourquoi es-tu venu au pensionnat ?"

En le voyant se diriger vers le banc précisé, Asuka constata qu'il avait accepter son invitation. Puis, sans tarder elle le rejoignit, allant s'asseoir à ses côtés. Tandis qu'elle regardait au loin une bande de gamin jouer au foot loin d'eux, elle l'entendit dire qu'il était nouveau au pensionnat, attirant ainsi son attention.

« Ah, tu viens d'arriver ? Je comprends mieux pourquoi je ne t'ai jamais croisé. »

Ses secondes paroles la fit lever les yeux en l'air, perplexe. Elle, s'était plutôt le contraire, elle ne rencontrait pas beaucoup de filles, mais connaissait beaucoup de garçons venant du pensionnat. Pensive, elle se mit à admirer les petits oiseaux autour d'eux, qui apparemment ne semblait pas avoir d'ennui. Enfin, lorsqu'il reposa son regard sur elle, elle en fit de même, réfléchissant à sa question.

« Et bien, pour tout avouer, je ne me souviens même plus de ma raison d'être venue ici. Cela fait 8 mois que je suis au pensionnat, et j'ai tout oubliée de mon arrivée. »

Un léger soupir s'échappa de ses lèvres à ces mots. Mais en repensant à toutes ses rencontres, la jeune adolescente se reprit, continuant sa phrase, un sourire aux lèvres.

« Bah, en venant ici j'ai fait de super rencontre. De toute manière, toutes mes rencontres ont été géniale, j'en ferais certainement pas exception pour toi. »

Ces mots dits, elle posa son coude sur l'accoudoir du banc la main ouverte, observant par la suite un oiseau s'y poser. Pourquoi elle avait dit ça ? Tout simplement parce qu'elle le pensait, et n'hésitait pas à dire aux autres ce qu'elle pensait d'eux. Oui, c'était ça, elle était directe. Bref. Quelques secondes s'écoulèrent, que son regard se reposa sur Aedlan, interloquée.

« Si la question n'est pas indiscrète, pourquoi tu es venu au pensionnat aussi ? »

Huit mois ? Et elle avait oublié son arrivée ici ? Lui n'avait rien oublier de son exil et de son départ, tout était frais comme s'il n'avait vécu tout cela qu'en un seul jour.

-"Je suis venu ici parce que là où j'étais avant je n'avais plus ma place. Je suis venu pour qu'on me regarde autrement qu'avec de la peur dans les yeux."

Il regarda l'oiseau venu se nicher dans la main d'Asuka. Il s'était installé là et semblait ne pas trop vouloir s'en aller, il devait bien se plaire...

Cet oiseau lui faisait penser à lui-même : une vie sans importance qui se niche là où elle au mieux et ne veut plus qu'y rester pour l'éternité, pourvu qu'on ne la chasse pas.

Les enfants qui jouaient au foot laissèrent filer leur ballon jusqu'au banc où ils étaient assis, la balle s'arrêta juste devant Aedlan. Un des gamins vint la rechercher, observant Aedlan avec hésitation. Lorsque celui-ci plongea son regard vers lui, l'enfant eut un hoquet et s'en fut en courant auprès de ses amis en regardant par-dessus son épaule.

Aedlan ferma les yeux et poussa un soupir sans fin.

-"Je ne sais pas comment tu as fait pour oublier ce qui t'as poussé à venir ici, mais j'aimerais pouvoir effacer ma vie comme tu l'as fait pour ton souvenir."

Réfléchissant de nouveau sur ce qu'elle lui avait dit, il la regarda de nouveau, laissant un petit temps passé, observant ses cheveux qui se balançaient légèrement au fil de la petite brise, puis reprit la parole.

-"J'espère que ce que tu dit est vrai. Qu'ici, les rencontres sont heureuses."

C'était un peu stupide de penser qu'en venant ici, tout s'arrangerait d'un seul coup, que tout le serait gentil avec lui. Il se demandait bien quel genre d'aventures il allait vivre ici. Soudainement, il fut excité à l'idée d'être confronté à l'inconnu le plus total.
Son excitation baissa quand elle lui demanda s'il accepterait de la laisser lui toucher le visage. Il la regarda d'un air neutre, comme d'habitude, mais en lui il se posait pas mal de questions : pourquoi ? Quelle importance ? Qu'est-ce qu'elle allait faire ? Méfiant, à sa grande habitude, il ne savait pourtant pas trop comment répondre hésitant encore entre le replie ou l'ouverture.

Puis, il se souvint de ce qu'elle venait dire : "Mais ne te bases pas sur celles-là, généralement elles ont des problèmes dans leur vie, ce qui les pousse donc à éloigner tout le monde d'eux." Et il ne voulait pas qu'on le voit ainsi, il était venu pour régler son soucis, pas pour l'afficher, même si c'était inévitable.

-"Si tu veux."

Il se tourna un peu vers elle, et attendit, dans un grand silence, les yeux mi-clos qu'il ferma ensuite. Il ne pensait pas qu'elle voulait lui faire de mal, alors il se laissa faire. Les yeux fermés, il donnait pleine liberté à son ouïe, écoutant les gens passer, les enfants crier, les animaux se parler... alors, elle lui apparut, la fille qu'il avait sauvé. Elle lui tournait le dos mais sa tête était penchée vers lui, souriante, son regard vide et sombre qui était maintenant le sien l'observait, le transperçant comme une lame. Puis elle disparue et il rouvrit les yeux, Asuka lui tenait la figure.

*L'a-t-elle vue ? Non, elle ne me regarderait pas comme çà...*

L'écoutant parler, il sentit son coeur se serrer. Un accident... il y a plusieurs mois... sans s'en rendre compte, il avait ouvert en grand ses yeux, laissant passé une expression hantée en eux. Il revivait le choc, il cligna des yeux et observa plus attentivement la fille en face de lui, puis secoua la tête.

Non, non ce n'était pas elle. Et de toute façon, c'était impossible. Il devenait parano là ! Il l'écouta poursuivre son récit.

-"Ils ont peur parce que nous sommes différents."

Il venait de donner une réponse générale à eux tous, mais bien plus que de la peur, c'était l'effroi qu'il avait perçu dans les yeux de ceux qui l'avaient vu sous sa véritable forme, car c'est la Mort qu'ils avaient cru voir alors. Une image lui vint à l'esprit. C'était lors de sa fuite, il avait croisé le chemin d'une jeune femme et son enfant dans une petite ruelle, le gamin s'était mit à pleurer et la femme était tombée à genoux, serrant sa progéniture contre, le suppliant de ne pas leurs faire de mal. Ce moment avait choqué Aedlan qui avait fait demi-tour et poursuit sa fuite.

-"Tu ne m'ennuies pas. Ca fait plusieurs mois que je n'avais pas entendu le son d'une voix, pas même la mienne."

Il ne voulait pas lui expliquer que, si en le regardant, elle n'avait pas eu peur, c'est tout bonnement parce qu'il avait une forme d'humain du commun des mortels.

Il se rassit normalement et posa sa main droite là où Asuka avait mit la sienne sur son visage. Sa peau était froide, sans doute à cause du vent et de la saison.

Ensuite ? Qu'est-ce qu'elle voulait dire par là ? Elle parlait sans doute de la fin de leur conversation.

-"Je n'ai pas vraiment le choix."

Si justement, il avait le choix. Il aurait très bien pu décider de repartir en exil, revivre seul encore et toujours. Mais non, il était venu pour mettre fin à ceci, et y retourner maintenant serait une folie.

-"Tu ne compte pas rentrer, toi ?"

Certains pensionnaires avaient peut-être de la famille où ils allaient de temps en temps.

Vexer. La peur des autres ne l'avait pas vexer. C'était, autre chose, mais quoi ? En fin de compte, en plongeant son regard dans celui des gens normaux, il y avait une peur, qui était autant la leur que la sienne. Il prit alors conscience qu'il ne s'était jamais regarder dans un miroir sous sa véritable apparence. Est-ce qu'il aurait peur de lui-même s'il le faisait ? Tss... c'était stupide de penser ainsi.

-"Si tu es là depuis longtemps, peut-être que tu peux m'expliquer quelque chose."

Il ne la regardait pas en parlant, il ne bougeait pas non plus.

-"Une salle d'entrainement et une salle de combat. Dans quel but ? Qui combattons-nous ? Et... y a quoi comme cours ici ?"

Il ne ratait donc rien en n'allant pas aux cours. Déjà que par le passé ça le barbait, alors après tout ce temps sans étudier, il n'allait pas se précipiter pour reprendre son éducation.

La réponse qu'elle lui avait donné sur l'objectif des deux salles pour développer ses pouvoirs le laissa un peu perplexe : y avait-il des gens au pensionnat qui n'étaient là que pour s'imposer grâce à leurs pouvoirs ? Il le saurait en laissant le temps filer.

Puis elle lui parla de la saison. Il avait perdu le compte des jours, apprendre qu'il était en Décembre ne le choqua pas pour autant.

-"Quelle que soit la saison, quelle importance ? Les gens se plaignent tout le temps parce qu'ils veulent maitriser le temps, plutôt que se rendre à la réalité, c'est aux hommes de s'acclimater."

La phrase la plus longue qu'il ait prononçait depuis son retour à la vie sociale. Il promena son regard dans le parc, sans s'arrêter sur quoi que ce soit de particulier.

-"Tu viens souvent ici ?"

Il se doutait bien qu'elle ne devait pas aller en cours très souvent, d'ailleurs les gens du pensionnat ne lui avaient pas donner l'impression d'être très sérieux sur le plan scolaire.

Le toit ? C'est bien le dernier endroit qu'il s'imaginait où on croisait des gens. Il se promit qu'il irait une de ces quatre. Il la regarda se lever, et suivit le mouvement quand elle lui proposa d'aller se balader.

-"Avec plaisir."

Quelqu'un qui aurait répondu cela aurait, normalement, accompagnait sa phrase d'un sourire, mais lui était resté totalement froid. Il attendit qu'elle mène le pas, il ne connaissait pas du tout le parc, d'ailleurs il y était arrivé par hasard.

Il regarda un instant l'arbre derrière lequel il avait eu sa crise et se remit à espéré que personne ne l'avait vu. Que tout le monde connaisse son pouvoir serait une chose, que tous aient connaissance de ses crises en était une autre, et bien plus ennuyante à vrai dire.

Ne pas savoir contrôler son pouvoir, ça devait provoquer la risée dans tout le pensionnat. Il se demandait aussi s'il y avait déjà eu des accidents graves, suite à des confrontations. Mais il ne fit pas part de ses interrogations à Asuka.

Il mit ses mains dans ses poches et attendit qu'elle se décide, le tête légèrement sur le côté, les yeux fixant les siens.

Et la voici enfin, la fameuse question qu'il détestait. Il ne lui répondit pas immédiatement. Il avançait un moment, tête basse, ne sachant pas trop ce qu'il allait dire. Perdu dans ses pensées, sa vision se limita peu à peu à ses pieds, les bruits qu'il entendait se limitèrent à leurs pas et aux rebonds du cailloux avec lequel jouait Asuka. Il ne se sentit pas ralentir, lorsqu'il reprit conscience de ce qui l'entourait, il s'était arrêté, tête basse, et les poings serrés. Il les desserra et secoua la tête d'un geste vif.

Il n'avait aucune raison de lui dire ce qu'était son pouvoir, du moment qu'elle ne lui demandait pas de lui montrer, tout allait bien.

-"Je... peux changer de forme."

Il s'avança à nouveau, reprenant un peu sa réflexion. Changer de forme, ou cacher sa véritable forme ? Il n'y avait pas de différence sur le plan matériel, mais du côté psychologique, il y en avait une. Et dans ce cas-la, c'était plutôt la seconde solution en fait. Il poussa un demi-soupir et, sans se tourner vers elle, lui retourna sa question.

-"Tout comme moi, tu n'es pas obligé de répondre : quel est le tien ?"

Le pensionnat était-il une grande famille où les résidant se devaient de ne rien se cacher ? On ne lui avait pas spécifié, et étant donné ce qu'il entendait petit à petit sur les possibles accrochages, il préférait rester un peu sur ses gardes.
En parlant d'accrochage, il ne savait pas trop comment il réagirait si on l'agressait. Son pouvoir n'était pas vraiment utile pour combattre à vrai dire. Il se sentit faible tout à coup.

*Rah, à quoi est-ce que je pense ? Mon but n'est pas de devenir le plus fort, je veux juste qu'on me considère tel que je suis !*

Séparer les âmes...

-"Et que se passe-t-il si tu exerce ce pouvoir sur quelqu'un qui n'en a pas ?"

La question était sortie toute seule. Chaque puissance avait une faille exploitable pour le neutraliser, sans le vouloir il venait d'entrer dans le jeu des combattants. Il voulait avant tout de protéger, mais on ne se protège pas sans attaque. Asuka avait l'air puissante du fait qu'elle possédait trois pouvoirs, il voyait bien l'utilité des trois.

-"Le fait que tu ne contrôle pas ton dernier pouvoir ne te fait pas être au centre des rires de tout le monde ? Je ne dit pas çà pour te froisser, c'est juste que je veux savoir comment on est vu dans le pensionnat sur certaines choses."

Il ne la regardait plus et parlait d'une voix stable, le même ton quelque soit le type de phrase, du début jusqu'à la fin. On percevait à peine lorsqu'il entamait une nouvelle phrase.

-"A ton avis, que se passe-t-il si quelqu'un ne contrôle pas du tout un pouvoir ?"

Pour lui, il pensait que ce pouvoir finirait par consumer la personne, ou alors la rendrait tellement dangereuse qu'elle finirait par se faire tuer. C'était étrange, parler ainsi de pouvoirs, il ne l'aurait même pas rêver. Ici, les gens sont si différents de sa petite campagne d'enfance...

Elle l'avait à moitié rassurer, il ne serait peut-être la risée de tous en fin de compte. Mais, c'était différent, elle avait plusieurs pouvoirs, lui un seul, et elle était là depuis plus longtemps, lui n'était qu'un simple nouveau, le cliché même de la victime facile.

Quand elle lui demanda ce que lui en pensait, il s'était déjà donné une réponse, mais plutôt que de le lui avouer...

-"Rien."

Ils avançaient sans but dans le parc. Sur les côtés il y avait de jeunes couples perdues dans leurs amourettes, parfois ils croisaient des gens qui couraient sur le chemin. Mais globalement, plus le temps passait, et plus les gens rentraient chez eux. Il n'était cependant pas tard et il restait encore du monde, mais on circulait un peu mieux déjà.

-"Pourquoi est-ce que tu me dit çà ?"

Asuka avait shooté de nouveau dans le cailloux, et à la fin de sa question, il avait posé un pied dessus.

-"Si peu de monde est au courant, pourquoi le suis-je ?"

Il ne s'imaginait pas avoir une tête d'ange suprême pourtant. C'était d'ailleurs l'inverse une fois qu'on avait vu sa véritable apparence. Pourtant, il n'avait aucune raison d'aller raconter les secrets des gens.

Il la regarda de ses yeux neutres, le visage totalement froid, patient et impassible. A cet instant, il se sentit comme une coquille vide.