Méligane en avait marre. Mais vraiment marre.
Elle tenait son bras gauche tendu, le coude vers la terre, et son visage affichait une mine où se mélangeait la peur, la colère, et l'inquiétude.
De l'inquiétude car de larges griffures et de drôles de tâches partaient de son poignet au creux de son coude, sans interruption notable. De l'inquiétude car elle saignait trop.
De la colère car c'est elle qui s'était infligée cela.
De la peur pour la même raison.
L'adolescente marchait à pas rapide, dans un couloir visiblement abandonné.
Pour se calmer, elle écoutait
une musique affollement douce pour la situation.
Méligane se trouvait étrange, mais elle non. Elle ne cherchait pas à comprendre, elle agissait sans réfléchir, sans aucune logique. Ce qui était étrange, c'est que si Méligane se faisait souvent remarquer par son exentricité et sa bone humeur incessante sans être un danger, elle, elle restait souvent calme. Comme pour accompagner ses pensées, la démarche de Méligane se fit plus lente.
L'autre était dangereuse. Avant, elle arrivait selon le cycle précis de la lune. Pleine Lune => Méligane/L'autre
Nouvelle Lune => L'autre/Méligane. Maintenant, elle arrivait n'importe quand. Elle pouvait rester une heure comme trois mois, tout ce que Méligane avait constaté, c'est qu'elle devenait de plus en plus instable. Elle n'était plus lunatique mais véritablement schyzophrène.
C'est vrai que Méligane était assez paradoxale, vue de l'exterieur. Elle se mutilait, puis courrait se soigner en pleurnichant que c'était stupide. Elle ne trouvait pas cela stupide, loin de la. C'était comme si le sang déversé la nettoyait de toute sa honte.
Elle était d'une calme violence, elle ne perdait jamais son sang-froid, mais cela n'enlevait rien à la force de ses actions.
Calme mais brute. Méligane aurait mieux fait de s'appeller Paradoxe, elle aussi d'ailleurs, bien qu'elle fasse partie de son esprit, et que elle et Méligane ne forment qu'une unique et même personne.
Maintenant parfaitement calme, les pensées de Méligane se faisait de plus en plus rares. Elle prenait petit à petit le contrôle.
Alors que c'était Méligane qui marchait, elle s'arrêta tout d'un coup. Un homme visiblement plus âgé qu'elle était planté au plein milieu du couloir.
*C'est quoi ce grand machin?* pensa t-elle.
En effet, l'homme devait atteindre au minimum les un mètre quatre-vingt cinq.
ELLE marcha, la musique s'était évanouie dans ses oreilles. Elle fredonna un petit poème:
"On s'enfoncera toutes les deux dans le néant et main dans la main nous dormirons a jamais
Partons sans remord le monde nous oublieras.
Je devrais te détester comme je me déteste moi, mais pourtant vois tu, je n'y arrive pas
Peut être que finalement tu ne me ressemble pas, peut être que c'est tout simplement moi
Qui voudrais être toi" (<3)
Puis elle se retrouva errière le jeune homme. Il prenait toute la place. Méligane recouvrit son bras à l'aide de sa longue manche et dit d'un ton froid, poussant légerement le géant qui se tenait devant elle:
- Pardon.