Bon appetit...[Shiro Okada]

Complétement perdue dans ses pensées, Sae-chan marchait lentement derrière Shiro, qui, lui, marchait derrière un jeune homme habillé en costard et qui se tenait aussi droit qu'une règle. Puis un gamin passa devant elle, à toute allure, ce qui lui arracha un cri de surprise. Instinctivement, elle recula en une fraction de seconde et regarda l'enfant, héberluée...

*Si ca continue, je vais avoir une crise cardiaque Oo...*

Pas faux. Elle rattrapa Shiro et marcha à sa hauteur. Arrivés à une table pour deux, un peu à l'écart, le garçon repartit en attendant qu'ils choisissent leurs menus. Pendant ce temps, Shiro avait tiré la chaise et semblait rire. Bah, qui avait t'il de drôle à être galand ? xD.

-Merci bien x).

Sae s'installa et avanca sa chaise vers la table, et regarda un peu le restaurant. Après cette observation, elle se retourna et adressa un sourire amical à sa nouvelle connaissance. Elle prit le menu en face d'elle et l'ouvrit : il y avait un large choix d'entrées, de plat principal, de fromage et de dessert. Ils avaient l'embarras du choix....

Pas trouvé ? Si, elle avait trouvé. Enfin, en quelques sortes. En fait, elle hésitait : Allait-elle prendre une "pizza alsacienne" ou un "croustillant" ? Ils ont des noms bien trop simples. Des noms qui ne résument aucune ces plats. Bon, il fallait faire un choix. Ce sera donc un croustillant. Et comme plat ? Bah...Heu...Elle consulta rapidement les plats principaux : Ils allaient du plus banals aux plus originaux. Donc, pour le plat, Sae prendra un bol de nouilles chinoises.

-En entrée, un croustillant et en plat principal, un bol de nouilles chinoises.

Elle avait fixé le garçon avec un regard sympa pour l'inciter à apporter ça sur le champ. Quelle joueuse. Quand celui ci s'éloigna, elle se tourna vers Shiro, se remettant bien droite. Car, le problème, c'était que le serveur était à côté d'elle, et celle ci s'était contorsionnée pour lui parler. Erf...

-Si ca ne te dérange pas, pourquoi tu es venu dans ce pensionnat ?

Setsuko avait décidé d'engager la causette et d'en savoir plus sur ce mystérieux bonhomme qui semblait si renfermé sur lui même. Enfin, elle pouvait parler, parcequ'elle, c'était pas mieux. Si elle parlait, c'était ou bien pour insulter quelqu'un, ou pour dire bonjour. Rare sont les gens qui l'ont souvent entendue parler.

Setsuko était complètement autre part, allez savoir ou. Sur la lune ? Dans les étoiles, oh, encore plus loin. Quelque part au fin fond l’océan, quelque part dans l’immensité du ciel, un territoire sauvage et inconnue de tous. De tous, sauf d’elle. Elle pouvait paraître malpoli, certes. Mais c’était au-delà de ses forces, elle était bien trop concentré à se souvenir de son passé. Où avait-elle étudié ? Elle ne s’en souvenait plus. Où avait-elle vécu ? Elle ne s’en rappellait plus. Rien n’était clair. Alors, de toutes façons, elle n’aurait pas pu répondre plus précisément à cette question. A une autre non plus, d’ailleurs. Son passé, c’était une espèce de puzzle, il faut trouver toutes les pièces pour le reformer. Mais justement, elles étaient où, ces « pièces » ? Puis elle remarqua que Shiro la regardait. Elle manqua de sursauter, se redressa un peu. Elle aurait voulue s’excuser, mais aucun son ne sortit de sa bouche.

« Bon. Ne pensons pas au passé, d'accord? Tu ne veux tout de même pas gâcher ce dîner entre nouvelles connaissances? »

Non, elle s’en voudrait. Terriblement. Peu de gens l’appréciait, alors, quand elle rencontrait quelqu’un, elle mettait tout en œuvre pour faire bonne impression. Mais je crois vous l’avoir déjà dit. M’enfin, je vous le rappelle. Au cas où vous auriez la flemme de lire quelques post au dessus.

-Pas du tout.

Ces trois petits mots, c’était aussi son excuse pour son comportement lunatique. Si on peut appeler ca comme ça. Et vous pouvez croire ce que vous voulez, c’était bel et bien sincère. Vous savez, le truc qu’on dis sans mentir avec une intonnation super sérieuse ? Eh ben, ca explique bien ce qu’elle ressentait quand elle prononca ce « pas du tout ». Cette fois ci, Setsuko restait sérieuse et attentive. Des fois, elle jetait un coup d’œil derrière elle, pour voir si le serveur arrivait. Mais à chaques fois, elle ne voyait qu’un immense couloir encombré de tables. Tables complète. Ils avaient bien fait de venir en avance…

*Coup de chance.*

Au même moment où elle pensait ça, une sonnerie de téléphone portable retentit. Sae-chan la connaissait bien, c’était la troisième fois qu’elle l’entendait. Deux fois au foyer, et une fois ici. Elle se retourna donc vers Shiro qui venait de prendre violemment son portable en main. Il l’éteignit rageusement et le fourra une nouvelle fois dans sa poche. Puis il s’excusa. Pourquoi ? Ca ne la dérangeait pas plus que ça. Encore, si c’était une sonnerie du genre Michel Jackson avec un « OH YEAH » assourdissant, oui, elle en aurait eu un peu marre.

-Pas grave ^^

Elle esquissa un sourire amical pour lui prouver que ca ne la dérangeait pas. Sinon, ca aurait été un drame.

[Pardon pour le post minable.]

Eh oui, attentive, quand elle l'est, elle l'est. Elle remarque le moindre changement, la moindre anomalie. Même une mèche de cheveu qui bouge, elle le voit. Ce pourquoi elle fut assez...surprise, quand elle vit que Shiro avait une drôle d'expression. En fait, il était simplement étonné de voir que ce restaurant attirait beaucoup de personnes. Personnellement, elle n'y avais jamais mis les pieds. Elle s'arrêtait, parfois, pour le regarder quelques secondes et voir si c'était un restaurant de qualité. Mais maintenant, la réponse était claire, nette et précise : Oui.

-Moi non plus, a vrai dire. Pardon.

Pardon. Lamentable. Elle aurait pu faire mieux. Beaucoup mieux. Franchement, comme par hasard, elle avait choisi un endroit assez bruyant. Sae-chan avait déjà déjeuné dans des endroits plus calmes. Et plus rapide en matière de service. Enfin, c'était compréhensible, vu le tas de foule qui s'agglutinait au fur et à mesure que la soirée avançait.

Le serveur vint enfin, deux plats à la main. Il portait des petites assiettes rondelettes, assez mignonnes dans l'ensemble. C'est pour cela que Setsuko esquissa un petit sourire quand le serveur fut assez près d'eux. Il déposa les plats, et retourna en cuisine. Elle commenca à manger tranquillement, s'assurant que Shiro avait bien eu sa commande. Sinon, ca aurait été très malpoli. Celui ci lui souhaita un bon appétit. Elle le lui rendit, puis goûta à son « croustillant ». Hum, il n'étais pas si mauvais que ça. Non, il était même très bon. Elle termina son entrée en mangeant les petites feuilles de salades disposées autour, puis regarda Shiro. Elle décida de rompre ce silence oppressant. Autant faire connaissance.

-Si ce n'est pas indiscret, tu as quel âge ?

Car, n'oublions pas, qu'a aucun moment il n'avait mentionné son âge. Pas à ce que je m'en souvienne, en tout cas. Et puis, elle avait un bon paquet de questions pour se renseigner.

Pourquoi souriait-il d'une manière si...arrogante ? Tout de même. C'était toujours pratique de savoir l'âge des gens. Et c'était aussi une bonne occasion d'en savoir plus sur la personne qui est en face de nous. Même si certains disaient qu'ils en avaient 18 alors qu'ils n'avaient que 15 ans. Sae-chan trouvait ça un peu idiot. On ne sera pas tué en révélant son âge ! Alors, pourquoi tant de personnes mentaient ? Eh bien, c'est comme si vous me demandiez de faire comme Moïse, vous savez, celui qui a coupé la mer en deux. Finalement, il se décida. Apparemment, il avait dix-sept ans. Setsuko parut septique, et tout aussi surprise : On aurait pu croire qu'il était plus âgé.

-Dix-sept ans.

Même si elle ne les faisait pas, avec son espèce de caractère sympathique quand elle fais confiance à quelqu'un. Mais si par malheur, vous l'énervez, vous verrez bien que ce n'est pas le genre de fille qui pardonne tout sur une excuse à deux balles ironiques. Elle se bat, croyez moi. Et ce n'est pas le combat typique avec deux baffes un coup de pied, non, c'est carrément : cinq baffes, trois coup de pied, des cheveux arrachés et des plaies qui vous labourent le corps. Voilà pourquoi les femmes ont des ongles très longs...Elle repensa à son ancienne école. La plupart du temps, elle y allait pour se battre. A sa vue, certaines filles se mettaient en retrait. La cour, c'était un ring de boxe pour elle. Et même si les pions l'emmenait maintes fois chez ce vieux proviseur, elle n'en avait rien à faire. Si quelqu'un lui cherchait des ennuis, elle n'avait besoin de personnes.


*D'ailleurs, je me demande bien quand remonte mon dernier jour d'école.*

Elle n'y allait pas souvent, étant jeune. Ses parents avait les moyens, mais elle, elle préférait cogner et se la jouer racaille. Parce que, c'était simplement un caractère qui incite le respect. Et du respect, elle en avait. Si quelqu'un voulait lui piquer son déjeuner, par exemple, elle ne se laissait pas marcher sur les pieds, quitte à donner un bon coup de poing.

Son dernier jour...Son dernier jour d'école...Sae-chan se rongeait la cervelle (quelle expression !) pour savoir à quand celui-ci remontait. CP.Ce1.Ce2.Cm1.Cm2.6ème.5ème.4ème.3ème. Oui, elle avait arrêté avant d'entrer en seconde. D'ailleurs, tout le monde lui avait demandé pourquoi elle ne voulait plus aller en cours. Tout simplement parce que la moitié du lycée se composait d'ados complètement idiots, avec leurs jeans descendu jusqu'au genou (j'exagère un peu, là...*O*) et leurs ridicules coiffures en forme de piques ou des bouclettes de Boucle d'Or. Sans compter les discriminations parce que X n'avait CETTE paire de converses ou que Z n'avait pas CE slim fashion. Oui, la vie était réelle et surtout cruelle. Pourquoi elle, pauvre fille innocente, aurait du se retrouver en compagnie de lépreux de la mode ou d'autres je-ne-sais-quoi ?

Son regard restait fixé sur une petite bougie allumée au milieu de la table, qui apportait un peu de chaleur et de lumière. Non, je ne dis pas que c'était un restaurant à « l'ancestral », il était plutôt moderne, mais cette décoration plaisait certainement à bon nombre de gens. D'ailleurs, le feu était une matière envoutante, enivrante si je pourrais dire, quoi que ce n'est pas très qualificatif. Le feu. Le feu était tout d'abord quelque chose qu'on ne pouvait pas attraper, tout comme le vent ou l'air, ce qui revient au même. Et dans la préhistoire, l'invention du feu, ce fut un grand moment. Parce que, cela réchauffait les cavernes, et les hommes aussi, par ailleurs, et que ca apportait de la lumière. En voyant du feu, dans une maison qui brûle, par exemple, quelqu'un se mettrait à piailler « au feu ! Au feu ! Les pompiers, vite ! » en courant dans tout les sens. Donc, le feu était utile, mais restait dévastateur.

« Quand as-tu arrêté tes études ? »

Setsuko leva vers lui un regard amusé. Si elle aurait été blagueuse, elle aurait sorti un truc du genre « avant d'être entré en primaire », ce qui était totalement faux. Sauf que elle, elle n'était pas blagueuse. Du moins, pas beaucoup. C'était tout le contraire. Vous l'avez deviné, c'était une personne très terre-a-terre. Elle se contenta de répondre, d'une voix calme et posé :

-Avant d'entrer en seconde.

Quand elle eut terminé sa phrase, elle entendit des pas familiers. Elle jeta un coup d'œil derrière elle, et vit le serveur qui venait vers eux, tenant leurs plats principaux. Avec agilité, il évita ceux qui cherchait une table en vain, ou alors ceux qui traversait le restaurant pour sortir. Il déposa les plats, s'assurant que c'était ce qu'il avait commandé. Le bol de nouilles chinoises de Sae fut livré avec des baguettes joliment décorées. Elle les prit, les observa un petit moment. Des fleurs bleues, rouges, blanches, vertes, roses, jaunes, noires, crème se baladait un peu partout.

-Bon appétit.

Elle commença à manger, très lentement, enfin, à une allure normale, en savourant son plat. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas mangé quelque chose d'aussi bon. La cantine, ca allait bien un moment, mais bon, après, on s'en lasse un peu...De plus, elle partageait ce moment avec un nouvel ami, si on pouvait dire ça. Alors, pourquoi faire grise mine ?