[ouvert à tous] Arrivée d'Aedlan

Ce n'était pas la première fois qu'il venait là, à observer sa futur demeure. Mais plusieurs semaines d'exil, loin de toute humanité, l'avait un peu amoché. Il s'était donc débrouiller pour récupérer assez d'argent pour se refaire un style vestimentaire correct, pour cela il n'avait cessé de bosser, jour et nuit, payé au bon vouloir de l'employeur.
C'est donc épuisé qu'il entra dans l'enceinte du pensionnat, il n'avait pas grand chose avec lui : une simple valise. Pour son entrée, il avait décidé de rester dans une couleur simple : le noir. Seuls ses cheveux faisaient légèrement contraste. Ils n'étaient pas blancs à l'origine, mais suite à son accident ils se sont teints, gagnant aussi des reflets bleus très sombres.
Il s'arrêta un instant sur le pavillon pour regarder les pensionnaires déjà présents, puis, baissant la tête, il entra dans le hall. La petite voix désincarnée qui lui était désormais familière lui parla une fois de plus, faisant résonnait une touche féminine dans son crâne.

*Même ici, tu la porte... la cendre...*

C'est une énigme qu'il n'avait pas résolu. D'après l'esprit de Mort qui le suivait partout et lui avait octroyé son change-forme, il était le Porte-Cendre, ou un Porte-Cendre, il ne comprenait pas trop, alors souvent il laissait couler.
On ne lui avait pas encore assigné de chambre, mais c'était la première fois qu'il mettait les pieds ici alors c'est seulement maintenant qu'il allait pouvoir récupérer sa clef. Il avait entendu dire que les chambres étaient mixtes, ça ne le dérangeait pas, à vrai dire il s'en fichait totalement, même si la solitude était parfois pour lui indispensable, notamment durant ses fameuses crises.
En parlant de crises, ça faisait deux semaines qu'il n'en avait pas eu.
Il avança au centre du hall, ne sachant pas trop où aller, et resta là un instant à regarder la décoration. Les couleurs étaient clairs mais pas vives, au moins ça n'agressait pas les yeux, même si de toute façon, comme il gardait toujours la tête baissée, ça ne dérangeait pas souvent.
Il entreprit de monter un des escaliers du hall, trainant sa valise légère derrière lui. Arrivée en haut, il balança sa tête de gauche à droite pour regarder le couloir, puis, poussant un soupir, il interpela un des élèves qui passait justement par là.

-"Excuse-moi, sais-tu où l'on récupère les clefs de chambre ?"

Miyuri désespérée en avait marre d'être enfermée... Elle devait sortir. Dehors le ciel se recouvrait elle espérait voir de la neige. Elle marcha d'un pas lent s'arrêtant devant chaque fenetre. elle avait son petit sac rouge en bandoulière avec elle. Elle s'était habillée d'une petite jupe qui lui tombait jusqu'au genoux et portait des bas lignés. Elle avait une pull chaud un peut trop grand qui lui tombait en dessous des hanches. Dans les tons plutot clair de l'automne elle traversait le couloir. Plus elle se sentait proche de la sortie plus elle sentait la liberté l'embrasser. Elle s'avança encore. Miyuri espérait voir des animaux dehors avant qu'il neige encore de trop. Elle avait penser à prendre un petit parapluie dans son sac au cas ou... Ca retenais la neige. Elle avançait souriante et s'arrêtant toujours devant les fenêtres. La dernière fenêtre l'interpella. Il faisait de plus en plus gris. Elle sursauta et avançait plus rapidement... Pas la neige, pas tout de suite...
Soudain elle fut interpellée dans le couloir, elle fit volte face et se trouva devant un type grand cheveux pale et vêtements sombre. Son sang se glaça quelques secondes. Qui.. qui était-il? Il semblait plutot sombre et lui faisait au premiers abords froid dans le dos.

- Euh...

Elle cligna des yeux. Il fallait que le déclic se fasse. Ses yeux noisettes se plantait dans les siens.

- Ah! Oui!

Elle avait cherché ses clés il y avait quelques temps au secrétariat. Mais elle s'était perdue en chemin. Seulement trop honteuse elle n'allait pas lui dire non maintenant qu'elle avait dit oui... Quoique. Elle ne voulait pas qu'il se perde non plus par sa faute. Elle soupira ne sachant quoi faire puis le regarda avec un peu plus de méfiance décrivant tou les traits physique... Ses cheveux pale lui faisait penser à quelqu'un... Une nostalgie lui parcourut le corps...

- Secrétariat.

Elle regardait le sol et parlait d'une voix à peine perceptible...

La fille qu'il avait interpelé semblait perplexe, au moins lui avait-elle dit où trouver sa clef de chambre. Elle avait l'air pressé, son regard se tournant vers les fenêtres donnant à l'extérieur où le ciel commençait à devenir gris, comme pour signaler une grande envie de s'y rendre. Aedlan n'était pas du genre à laisser filer ses occasions, il fallait qu'il sache comment aller au secrétariat maintenant.
Il allait lui demander lorsque la fille baissa les yeux, puis sa tête suivit le mouvement pour aller se perdre dans une observation de ses chaussures. Ce changement soudain de comportement le troubla un peu, il n'avait pourtant rien fait de spécial, pas encore du moins.
Dans un silence total et une visage inexpressif, il releva la tête de son interlocutrice de sa main libre et se contenta de la regarder banalement, avant de poser sa fameuse question.

-"Tu saurais me montrer ou m'indiquer le chemin ?"

La politesse n'était pas non plus son point fort, c'était pour lui une perte de temps, autant passer tout de suite à l'essentiel, mais il se sentit obliger d'ajouter un "s'il te plaît". Il lâcha le menton de la fille et reposa son bras le long de son corps, restant ainsi planté comme s'il était une marionnette attendant qu'on tire sur ses ficelles, les yeux mi-clos.

Il profita de ce moment pour regarder rapidement la fille en face de lui, elle était vêtu aux couleurs de fin de saison, c'est tout ce qu'il se dit en la regardant. Puis il reporta son attention à elle, fichant ses yeux à lentilles vertes dans ceux noisettes de l'adolescente qui avait reprit un coup d'oeil au dehors.

Une main lui attrapa le menton et lui tira le regard vers le sien. Délicat. Lui montrer le chemin. C'était bien ça le problème. Elle fit une petite grimace. il lui lâcha finalement le menton après qu'il lui dit un petit "S'il te plait" obligé par politesse. Miyuri le fixait perplexe. C'était qui celui là. Ça la changeait de sa vision journalière. Elle regardait dehors un dernier moment en soupirant. Elle sentit un regard lourd se poser sur elle, presque pénétrant et horrifiant. Elle eut des frissons dans le dos puis recula d'un pas et tout en le fixant des yeux semi-clos de son partenaire en face. Elle enleva l'idée d'aller dehors. Il neigeait de trop dorénavant. Elle n'était pas comme les autres filles à sourire bêtement en voyant l'occasion de se montrer et lui parler de la pluie et du beau temps. Elle le fixait suspect et toujours aussi méfiante.

- Hmmmm...

On aurait dit qu'elle hésitait à lui montrer. C'était le cas mais pas parce qu'il lui faisait peur, au contraire parce qu'elle avait peur de se perdre à nouveau. Petit soupire puis se sentit obligé elle n'allait pas laisser un pauvre jeune homme se perdre dans cet immense pensionnat. Elle se fit tourner sur elle même et fixa le bout du couloir. Puis lui jeta un petit regard provocateur tout en souriant.

- Bien sure!

Elle s'avançait, elle se rappelait du début mais la fin risquait d'être sinistre... Elle était compliquée et bizarre à gérer. Totalement différente, légèrement gamine elle aimait être sadique. elle riait intérieurement...

La fille eut un mouvement de recul puis d'hésitation. Ca lui rappela ses premiers moments sous sa véritable forme. Sortir du vestiaire où il avait pour la première prit cette apparence n'avait pas été simple, même impossible. En fait, tout le monde l'avait vu, il avait alors fuit dans les bois proches, passant son temps essayer de comprendre pourquoi ça c'était déclenché, mais il n'avait pas trouvé de réponse à cette question. Il avait fini par retrouver sa forme humaine au fil du temps, ainsi il avait apprit qu'il pouvait changer de forme, mais ce n'était pas facile, et les premières transformations furent longues et extrêmement douloureuses, contrairement à maintenant où elles sont quasi-instantanées.

La fille reprit visiblement de l'assurance en l'informant qu'elle allait lui montrer le chemin, elle fit un petit tour sur elle-même avant de lui jeter un petit sourire qui ne le toucha pas particulièrement, et auquel il ne répondit pas, se contentant de soupirer à nouveau lorsqu'elle commença à s'avancer dans le couloir.

Il s'engagea à sa suite, marchant d'un pas rythmé, la tête basse, le regarde fixe sur le sol, ses bras ne bougeaient que très légèrement. Le pensionnat était assez bruyant en ce milieu de journée, ce qui était tout à fait normal, mais le retour à la civilisation perturbait encore légèrement Aedlan qui avait vécu isolé dans son silence personnel, plongé dans ses réflexions personnelles.

Il prit conscience au premier tournant qu'il ne s'était pas présenté, et elle non plus. Bah, à quoi bon perdre son temps en présentations, il voulait se poser, voila tout. Oui, se poser, après des mois d'isolement, à éviter les Hommes, à éviter ses peurs... ça ne lui ferait pas de mal, pourvu que ses colocataires de chambrée ne soient pas trop pénibles !

Il ne savait pas si le chemin serait plus ou moins long, mais tant qu'à faire, autant profiter de la compagnie pour se renseigner un peu. Jetant un oeil au-dehors il vit la neige recouvrir peu à peu l'herbe humide.

-"Qu'est-ce qu'il y a d'intéressant à faire ici ?"

La question était assez ouverte, il ne parlait pas trop, sans doute parce que même durant son exil il n'avait même pas parlé à sa propre personne à haute voix. Il espérait juste ne pas devoir tirer les vers du nez à sa guide.

Miyuri avançait. Ce type lui faisait de plus ne plus froid dans le dos. Elle marchait d'un pas qu'elle considérait pour elle normal, vu sa petite taille mais c'était surement lent pour le monsieur dénommé X. Il ne semblait que peu accueillant, plus un type était peu accueillant plus il souffrait intérieurement, ou cachait quelque chose. Miyuri n'était pas dupe, les animaux réagissent de la même manière, plus ils ont eut un passé lourd plus ils sont agressif et effrayé... Les hommes c'est pareil. Le silence recouvrait ses petits bruits de pas heurtant le sol. Il y avait bien évidemment le brouhaha des couloirs habituel. Les gens entraient en masse en se plaignant qu'il faisait froid dehors. Miyuri évitait les gens pour ne pas les heurter, car elle lui semblaient qu'ils fonçaient droit sur elle comme si elle était peu important et qu'elle devait se bouger. Ca l'irritait. En plus cet homme lui semblait trop désagréable. Elle se détendit mais son regard était froid et noir à travers les couloirs. Elle avait soudain cette envie immense, presque une drogue... Elle devait jouer. Pour se calmer, rien de mieux que de jouer jusqu'à ne plus rien entendre. Elle sentait déjà les frissons qui lui parcourraient le corps lorsqu'elle déposera ses doigts sur les touches froides...
Elle hésitait à lui demander son nom. A vrai dire elle n'allait que lui montrer le chemin, le planter sur place puis elle irait gentiment sur un petit pas de joie jouer jusqu'à l'état second méconnaissable puis elle irait de nouveau dans sa chambre marmonner sur le mauvais temps. Le lendemain elle irait dehors...
La question l'intriguait. Il voulait lancer la conversation? Lui? X semblait plutot du genre à laisser le silence régner et puis une fois qu'elle lui aurait montrer le chemin la laisser puis partir, elle aurait fait la même chose. Elle hésita puis...

- Tout se trouve dans le centre-ville... Là il y a beaucoup, ici il y a des salles de cours, un parc et des chambres... Puis d'autres salles que je n'ai pas encore visitée... Oh et j'ai entendu dire qu'il y avait une sale d'entrainement...

Elle avait parler sans détourner le regard du chemin, ils tournèrent à droite puis firent face de nouveau à un long couloir qui était connu à Miyuri...
Elle stoppa quelques secondes puis tourna doucement la tête vers la fenêtre juste à coté d'elle.
Un oiseau la fixait les yeux ronds. Elle sourit à l'oiseau, jeta un regard à X...

- Deux secondes...

Elle s'approcha de la fenêtre, l'ouvrit grande. L'oiseau n'avait pas bougé. Elle sortit u pain de son sac, et sourit au petit animal innocent.

- Tiens...

Elle le déposa délicatement sur le coté, l'oiseau piailla ( pas sure du mot -_-) en retour puis elle rit gentiment puis referma la fenêtre, referma son sac, puis se mit à marcher comme si de rien n'était. Elle savait que l'oiseau avait faim... En hiver la nourriture se fait rare...
Elle jeta un petit regard à X.

- T'as un prénom ou je te surnomme?

Elle tourna de nouveau la tête vers le couloir... finalement elle voulait le connaitre un peu plus...

La fille semblait galérer à se frayer un chemin dans la foule, c'était aussi le cas pour Aedlan qui, en plus, ne devait pas la perdre, ça le fit accélérer un peu. Tout en marchant, elle lui expliqua que les principales sources d'activités se trouvaient en ville. Les cours ? Il en gardait un souvenir assez cru : enfermé dans une salle à écouter un adulte qui blablate sur sa science infuse, quel ennuie ! Le fait qu'il existe une salle d'entrainement l'intrigua : s'entrainer pour quoi ? Une salle de sport, il comprendrait, mais... à moins que ce ne soit elle qui ait employé le mauvais mot.

Sa guide s'arrêta à une fenêtre, qu'elle ouvrit, pour donner à manger à un petit oiseau. Aedlan regarda la scène avec indifférence et patience, la seule chose qui le dérangea un peu, c'était le froid qui pénétrait par l'ouverture. Il se demanda comment elle pouvait faire pour ne pas trembloter en ayant une simple jupe jusqu'aux genoux.

Ils reprirent leur avancée au travers les couloirs, un véritable labyrinthe. Elle lui demanda son nom. La formulation était assez surprenant, en gros, s'il refusait de se présenter, il allait recevoir un petit surnom auto-décrété qui lui collerait pour le reste de son séjour au pensionnat. En pensant à cela, il se demanda combien de temps il allait rester ici, il ne pensait pas vraiment qu'il retournerait à la vie commune si rapidement, voir jamais.

Il y avait moins d'élèves qui circulaient par ici, aussi lorsqu'il s'arrêta, le bruit de ses pas cessa. Il releva légèrement la tête et attendit que la fille prenne conscience de son arrêt et, lorsqu'elle se retourna vers lui, la regarda de nouveau droit dans les yeux de son regard banal.

Un nom il en avait un, et un surnom...

-"Aedlan... ou le Porte-Cendre, si tu préfère les surnoms."

Ce surnom n'avait pas vraiment de signification pour lui, comme il ne comprenait pas où voulait en venir la voix qui le hantait, alors il l'annonçait comme si de rien n'était.

-"Et toi ?"

Il parlait toujours sur le même ton, inexpressif, totalement décontracté. Tandis qu'elle répondait, il avança pour la rejoindre, l'invitant à reprendre le chemin pour le secrétariat.

-"Tu m'as parlé d'une salle d'entrainement, mais tu voulais sans doute dire une salle de sport non ?"

Miyuri continuait à marcher les pensées vagues. C'est vrai qu'il était si neutre, si froid, avait-il déjà affronter pire... On ne pas peut réagir d'une façon si froide en ayant vécu dans la belle vie. Les pas de Miyuri continuaient régulier. Elle se rendit compte alors qu'il n'y avait que l'écho des siens dans le couloir devenu vide. C'était pas un coin ou les élèves venaient régulièrement. Elle stoppa net puis se retourna doucement. Elle voulut se retourner directement tellement son regard était effrayant et neutre... Quel banalité, quelle froideur.
Elle resta tout de même face affrontant le regard.

- Porte-cendre?

Elle se retint de rire... Elle tentait de garder son regard neutre également mais il y avait toujours un grain de méfiance. Tout de même Aedlan était beau et différent comme nom, si inhabituel...

- Pourquoi porte-cendre?

Elle tentait de chercher un rapport entre son surnom et ses cheveux... Ses yeux stoppèrent sur ses cheveux. Et si c'était du fait qu'il a les cheveux blancs... Il lui demanda son prénom... Elle n'avait qu'un prénom et un nom a vrai dire elle ne se souvenait pas de surnoms...

- Miyuri...

Pas de surnoms. Il s'avança à coté d'elle, froid. Elle sentit le vent passer, neutre, et léger... Pourtant lourd de peine... Elle ne savait pas trop comment réagir mais elle n'avançait pas...

- La salle d'entrainement est pour les personnes voulant entrainer leurs pouvoirs... Car il y a une salle de combat également...

Soudain elle se retourna le regard noir.

- Quel est ton pouvoir?... Porte-cendre.

Trop curieuse elle voulait le comprendre...

Il devait sans doute la mettre mal à l'aise, vu comment elle le regardait. Mais de toute façon, il ne mettait jamais qui que ce soit dans un bon état psychologique avec sa façon de se comporter. Elle lui donna son nom avant de lui expliquer la fonction de la fameuse salle d'entrainement. Il fut un peu surpris de la présence, aussi, d'une salle de combat. Ce pensionnat avait-il le but de former des êtres au combat ? Contre quoi, ou qui ? Contre eux-même ? Sans doute... contre les autres humains, ceux qui sont normaux ? Là aussi il y voyait une bonne raison de le faire. En fin de compte, tous ici étaient venu car ils ne se sentaient pas dans leur monde parmi les gens normaux. C'est ce qu'il pensa.

Ils avaient avancé légèrement et se retrouvaient à un coin de couloir, encore. Il s'arrêta à nouveau, mais il prit immédiatement la parole cette fois-ci.

-"Tu es sûr que tu veux que je te le montre ?"

Tête basse, il avait relevé légèrement son bras libre et sa main gantée était ouverte, paume vers le haut, juste devant son buste, il la regardait, comme si elle avait une soudaine signification.

Il n'attendit pas la réponse de Miuri, il savait qu'elle lui aurait dit que oui. Alors, serrant le poing, il lâcha sa valise et se montra sous sa véritable forme : il était toujours debout et droit, mais dans son dos avait poussé des ailes sombres semi-transparentes, ses canines dépassaient maintenant de ses lèvres, il tenait une faucille, lame vers le bas, de la main dont il tenait sa valise, ses yeux étaient devenus des orbites vides et son visage avait gagné des tâches ténébreuses liées à ses yeux. Il releva lentement la tête. Sous cette apparence, on pouvait voir toute la douleur possible dans une âme enfermée dans l'abysse sombre de ses yeux.

-"Personnellement, j'appelle çà une malédiction."

Miyuri n'eut même pas le temps de répondre pour une réponse positive, il lui montra sa véritable forme. Il tendit le bras et son corps se transforma. Le coeur de Miyuri battait assez fort elle regardait la transformation, tout d'abord fascinée par les ailes noires, elles faisaient penser aux ailes des aigles ou des corbeaux, plus sombres et majestueuses... Ensuite les canines, celles des loups sortant la nuit affamée et cruels... Pourtant si beaux... Il tenait une faucille dans la main qui tenait sa valise il y avait quelques secondes... Oui... Les griffes du loup ou de l'ours... Ses yeux étaient vides noirs et son visage ténébreux... Ceux des animaux enfermés dans les cages. Les larmes montaient aux yeux de Miyuri. Elle secoua la tete. C'est vrai... Il faisait penser a la mort...
"Personnellement, j'appelle çà une malédiction."
Elle se rapprocha de lui...

- Même les animaux les plus sombres sont toujours beaux... C'est donc pour ça. Je me demandais pourquoi tu semblais si froid... En réalité tu ne t'acceptes pas.. Ou tu ne nous accepte pas...

Elle ne levait pas le regard et s'approcha plus vers lui.

- Il n'y a pas de malédiction... La malédiction... C'est d'être- enfermé dans sa propre peine sans faire l'effort de s'en sortir...

Elle leva finalement son regard vers ses yeux vides. Comme fascinée elle approchait ses doigts vers ses canines... Puis elle sourit et déposa sa main sur sa joue... Elle était beaucoup plus petite que lui...

- Je n'ai pas peur... Pas peur des canines, pas peur des yeux vides, pas peur des ailes noires, pas peurs des longues lames... Juste peur de la prison.

Son regard faisait affreusement penser à ceux des animaux enfermés dans les cages suppliant de sortir...

- Et toi tu es enfermé... Par ta propre décision...

[désolé c'est assez court T_T]

Il fut frappé par tout ce qu'elle lui disait. Jamais on ne l'avait regardé ainsi, jamais on ne lui avait parlé de cette façon. S'il l'avait pu, il aurait certainement versé une larme ou deux devant tant de compassion. Il la laissa s'approcher et poser sa main contre sa joue.

Elle avait peut-être raison, il s'était lui-même fait à l'idée qu'il devait fuir. Cet isolement, il l'avait voulu pour lui avant tout, parce qu'il n'avait pas accepter le regard des autres. Il repensa à son frère jumeau, qu'il avait tant aimé et dont il s'acharnait à effacer le souvenir. Il n'avait même pas tenté de le voir, son propre frère, lui peut-être qu'il aurait comprit. Mais c'était trop tard. Sa famille avait peut-être déménagée en plus, non, et de toute façon, il ne voulait plus revenir en arrière.

Il baissa la tête et finalisa sa transformation en faisant sortir ses griffes de par les trous de ses mitaines en cuir. Il replia ses ailes dans son dos.

*Même ici...*

La voix familière faisant de nouveau son apparition dans son esprit, il poursuivit la phrase à haute voix, comme pour faire écho à ce qui passait dans son crâne.

*Tu la porte... la cendre*
-"Je la porte... la cendre..."

De sa main libre, il retira la main de Miyuri de son visage assombri.

-"Tu as sans doute raison. Mais je ne sais pas ce que je suis, ni pourquoi, et l'on ne peut pas refuser d'être ce que l'on n'est pas."

Il se tourna vers la fenêtre la plus proche et laissa son regard ténébreux se perdre dans le blanc neigeux qui s'imposait à l'extérieur. Repliant ses ailes sur lui-même, il reprit forme humaine, puis déposa sa tête contre le carreau froid.

-"Merci."

Sa main gauche vint se poser elle aussi sur le carreau.

-"Mais tout le monde ne pense pas comme toi."

Sur ces mots, il se retira de la fenêtre, les yeux clos, et son visage redevint totalement inexpressif lorsqu'il rouvrit à moitié ses yeux redevenus verts, attendant comme avant la suite des événements.

"Je... la porte... cendre".
Miyuri ne saisissait plus. Le surnom avait-il un rapport avec sa transformation. Il retira la main de son visage. Sa main retomba à coté. Elle pouvait voir les griffes, celles des ours énervés, celles des chats effrayés... Il avait peur, il était mal, sombre et perdu...
"Tu as sans doute raison. Mais je ne sais pas ce que je suis, ni pourquoi, et l'on ne peut pas refuser d'être ce que l'on n'est pas."
Miyuri eut un petit sourire désolé. Elle le regardait se tourner puis reprendre forme humaine avant de déposer la tete contre le carreaux refroidit et humide... On pouvait voir se dessiner des formes de buées sur le carreaux par sa respiration régulière...

- Si je pouvais comprendre... Si nous pouvions comprendre...

Elle regardait par la fenêtre...

- J'ai toujours aimé les animaux... Eux sont comme toi... Ils ne comprennent pas pourquoi on les enferment, on les chasses ou on les poursuis... Il son malheureux... Et le moindre signe d'affection que tu peux leur offrir leur ouvre le monde... Certains animaux sont nées dans les cages... Ils me font pensé à toi... Enfermés perdus.. Il ne comprennent pas et ne connaissent meme pas la liberté... Parce que ils il y a personne pour les comprendre...

Miyuri savait qu'il comprendrait, elle savait qu'il se reconnaitrait. Elle le voulait. Elle avait du mal de parler de ses animaux enfermés. Ça paraissait si bête, si stupide... Pourtant ils sont vivants, ils ont un cœur une âme et un esprit...

- Tu as droit à ta place...

Elle leva ses doigts à ses yeux pour retirer la gouttelette qui perlait. Elle ne devait plus pleurer, elle ne devait plus pleurer.
"Mais tout le monde ne pense pas comme toi."
Il se retourna vers elle. Elle se sentait soulagée...

- Car personne n'est comme moi...

Puis elle eut un petit sourire...

- Et personne n'est comme toi.

Elle s'approcha et déposa ses bras autour de lui.

- Alors soit libre s'il te plait...

Elle n'arrêtait pas de le comparer à un animal. Au fond elle n'avait pas tord, les hommes sont des bêtes, les pires sans doute. En la regardant, il vit qu'elle était gagnée par l'émotion, c'était la première fois qu'il faisait pleurer quelqu'un. Il savait que les filles pleuraient facilement, et là il voyait franchement pas pourquoi elle pleurait. Est-ce qu'il lui rappelait ces animaux dont elle parle ?

Elle s'approcha de lui, souriante, et l'enlaça.

-"Hu ?"

Là, par contre, elle avait réussit à le mettre mal à l'aise. Il n'avait jamais su comment se comporter avec les filles, et il comprenait encore moins la façon dont elles agissaient. Il garda cependant son attitude neutre, sans doute parce qu'elle lui collait tellement à la peau depuis des mois qu'il n'arrivait plus à s'en défaire. C'était pas plus mal tout compte fait, ça cachait ses ressentis.

Baissant la tête, il se rappela le visage de la fille qu'il avait sauvé. Il la repoussa délicatement et la regarda droit dans les yeux, elle était vraiment au bord des larmes.

-"Tu ne devrais pas. Je te fais souffrir par ce que je suis, ce que je représente."

Il aurait aimé se retourner et continuer le chemin vers le secrétariat, sauf qu'il savait pas où c'était, alors il était coincé là tant qu'elle se serait pas remise de ses émotions.
Il alla reprendre sa valise, toujours dans une mobilité banale, puis lui jeta de nouveau son regard inexpressif.

-"Je me suis isolé moi-même, et en venant ici, ce n'est qu'une poursuite de mon isolement."

Il revint près d'elle et essuya une larme qui venait de perlait sur son visage de sa main libre.

Non, elle ne comprenait pas. Elle ne le comprenait pas. Il se renfermait sur lui même... Ça l'irritait. Elle se laissait faire. Les gouttes n'étaient même plus naturelles, juste celles d'avant qu'elle n'avait pas réussit à enlever. Il ne comprenait pas, il s'enfermait, tête baissée. Miyuri avait un regard sombre, non elle ne lui en voulait pas, il ne comprenait juste pas. Elle recula.

- Tu me fais souffrir car tu te laisse faire...

Il la fixait de son regard inexpressif et vide. Elle préférait sa forme initiale. Là au moins il était libre, il s'enfermait dans cette peau humaine. A quoi cela servait-il... Mais il avait raison elle était peut-être la seule a penser cela, la seule à avoir les pensées compliquées. Elle attrapa brusquement la main d'Aedlan lorsqu'il vint lui essuyer une larme sur la joue et la serra fort puis l'enleva de sa joue et la lâcha. Elle comprenait les émotions, elle pouvait les ressentir chez les animaux les comprendre... L'homme était vide pour elle, comme dépourvu de sentiment et dépourvu de pensée...

- Le secrétariat est dans le prochain couloir à gauche... Une dame te donnera les clés...

Elle s'en voulait de s'être emportée. Oh elle s'en voulait, elle avait honte. Comment avait put elle être si dupe! Elle ne dramatisait pas non plus.

- Je te préfère naturel...

Elle se retourna marcha dans l'autre direction... Peut-être elle ne le reverrait plus... C'était surement ça qu'il voulait, elle devait le mettre mal à l'aise... Ça devait être la première fois qu'elle voyait quelqu'un le comprendre... elle ne savait pas, tout ce qu'elle savait c'est qu'elle avait besoin de jouer, laisser la mélodie l'emporter... Ce n'était pas le genre de garçon à s'excuser, ni le genre de garçon à sourire bêtement pour faire plaisir... Mais le genre de garçon enfermé en espérant moins souffrir... Elle s'arrêtât quelques seconde le temps de se retourner et de le regarder.

- Tes yeux sont tellement plus beaux lorsqu'ils sont vrais!

Peut importe la façon dont on fait souffrir quelqu'un, qui que ce soit, à partir du moment où la souffrance est là, il n'y a pas à en dire plus. Il avait d'abord fait peur aux gens, et maintenant s'il les faisait souffrir... alors, peut-être qu'il n'avait pour but que d'être néfaste aux autres. Il était dans sa réflexion lorsqu'elle lui serra la main. Quand elle lui lâcha, il n'avait pas bouger d'une ride, comme une poupée qu'on manie à sa guise.

Quand elle partit, il baissa légèrement la tête mais ne se retourna pas. Il avança alors lui aussi, dans la direction qu'elle lui avait indiqué, ne tenant pas compte du compliment qu'elle lui faisait.

Il tourna à gauche, mit la main pour frapper à la porte et... il sentit un picotement dans son cou.

*Non... pas maintenant !*

Il ne pouvait pas se cacher dans le couloir et n'importe qui pouvait passer à tout moment. Malheureusement pour lui, ses crises ne prévenaient que quelques secondes avant de se déclencher. Il s'effondra dans le coin juste à côté de la porte du secrétariat, laissant le froid l'envahir, ce froid qu'il avait ressentit quand sa vie le quittait lors de son accident, puis des images d'horreur défilèrent devant ses yeux, il revit toute la peur qu'il générait aux autres. Puis il commença à perdre la maitrise de son pouvoir.
Tentant d'avaler sa salive, il s'étrangla et se retrouva à "trois pattes" par terre, se tenant la gorge de sa main droite, il sentit une de ses ailes poussée sans qu'il l'ait souhaité. Elle poussa à moitié, lui déchirant la colonne vertébrale, mais il ne cria pas, il ne criait jamais.
La douleur le fit s'écroulait à plat ventre sur le sol, il fut prit de spasmes violents tandis que ses griffes sortaient et rentraient en désordre, lui déchiquetant les mains, puis ses yeux changèrent pour prendre leur apparence vide...
Et tout s'arrêta subitement. Il resta un instant allongé devant le secrétariat, le souffle coupé, à pleurer. Il finit par se relever et laissa son regard se perdre par la fenêtre devant laquelle Miyuri et lui s'étaient laissés.

Il fallait qu'il change son comportement s'il voulait être accepté, mais il ne savait pas trop comment s'y prendre. Il avait toujours peur de la réaction des autres, peur de lui-même, car il ne savait toujours pas pourquoi il était devenu ainsi.

Sur cette réflexion, il se baissa pour reprendre sa valise qu'il avait lâché en sentant la crise venir, puis son visage redevint neutre, comme s'il n'avait rien vécu...

*Espérons que ça n'arrivera pas devant trop de monde.*

Et il frappa à la porte du secrétariat.

Miyuri s'était retourné le visage sombre presque effrayant. Elle avait avancé quelques pas lent, presque inexistants tellement elle avait peu bougé... Elle s'arrêtât quelques secondes et méditait. Une personne passa devant elle la regardant bizarrement.
Et si il ne voulait pas changer... Il ne peut changer tout seul, c'était trop difficile, il avait besoin d'aide de support. Personne ne pouvait changer si brusquement, sourire revenir à la vie en quelques secondes... C'est la même chose pour tout les être vivants, il fallait être patient,... Elle n'avait pas été patiente... Elle s'en voulut...

Elle se retourna brusquement courut dans le couloir pour arriver devant la porte du secrétariat et s'arrêtât net. Il était allongé sur le sol et semblait en pleine torture... Miyuri ne bougea pas et se retenait de respirer... Elle avait cru voir ses ailes quelques secondes... Ses magnifiques ailes... Il se releva, on aurait dit que tout ce qui venait de se produire n'avait pas exister... Pleurait-il?
Il frappa à la porte....

Une grosse dame lui ouvrit elle avait un regard plutot accueillant. Miyuri la reconnaissait, parfois elle se baladait dans la cour avec son chien en laisse. Elle savait qu'ils s'aiment fort, elle l'avait deviné et écouter...

"Oui jeune homme?"

Miyuri fit un pas vers l'avant et vint se mettre à coté d'Aedlan.

- Bonjour il voudrait la clé de sa chambre , il s'appelle Aedlan.

Elle lui sourit gentiment, la dame lui rendit le sourire puis eut un regard surpris.

"Ah, oui j'ai entendu ton nom, deux minutes je vais chercher ta clé!

Elle se retourna laissa la porte légèrement ouverte. Miyuri ne bougeait pa pendant quelques secondes puis entrouva légèrement sa bouche...

- Désolé... Je me suis emportée... Désolée...

Elle leva finalement un tout petit regard vers Aedlan et lui sourit. Elle savait qu'il allait la fixer neutre sans émotion, vide et froid. Mais elle voulait pas le laisser tomber, elle tenait désormais à lui... C'était rare qu'elle s'attache à des garçon mais lui il était différent...

- Je veux juste tu m'acceptes auprès de toi...

La porte s'ouvrit et une femme bien portante lui demanda ce qu'il voulait, il allait lui répondre lorsqu'une voix qu'il connaissait depuis quelques instants le fit à sa place. Il rabaissa donc sa tête, et lorsque la porte se referma légèrement, il coinça son regard sur la poignée.
Pourquoi était-elle revenue ? Il savait demander une clef pourtant. Il se demanda alors si c'était bien de la compassion qu'elle avait exprimée tout à l'heure, ou bien si ce n'était pas, en fait, de la pitié ? Elle voulait être auprès de lui, pourquoi, à nouveau ? Parce qu'elle le pensait si faible qu'il avait besoin d'aide, d'assistance ?

Il avait fermé les yeux pendant qu'il pensait à cela, puis, soudainement, il les rouvrit en grand, relevant légèrement la tête. La peur chez les autres, le dégoût qu'il provoquait, ça faisait germer la haine en lui, la haine envers ceux pour qui il était partit, et maintenant que quelqu'un veut qu'il reste, il fait de même.

*Quel égoïsme.*

Il se tourna un peu vers elle, posant un regard neutre, comme toujours, ses yeux de nouveau mi-clos.

-"Je peux fuir les gens, mais je ne peux pas les empêcher de me traquer."

La métaphore était un peu grossie, mais puisqu'elle aimait comparer aux animaux il trouvait çà bien choisit.

-"Tu peux rester si ça te chante."

Elle allait dire quelque chose, alors il posa un doigt sur ses lèvres, son regard se porta vers la porte qui s'ouvrit de nouveau, laissant ressortir la secrétaire toujours souriante. Celle-ci indiqua que la chambre était en train d'être nettoyée, et qu'il faudrait revenir plus tard. La porte se referma et il retira son doigt de devant la bouche de Miyuri et reposa ses yeux dans les siens, relâchant son bras le long de son corps, mais fourrant cette fois sa main dans une de ses poches de pantalon.

Évidement il avait les yeux semi-clos, ce qui ne changeait pas d'habitude, mais au lieu de provoquer la haine ça la faisait sourire.

- Bien je te traquerais avec mon biscuit.

Elle lui sourit. Elle avait l'habitude de poursuivre les animaux dans les bois pour leur offrir manger pour sympathiser. Elle ne voulait plus le comparer aux animaux, elle voulait juste qu'il sourit, rien de plus. Si il la détestait, tant pis...
Elle voulut rajouter quelque chose mais il déposa son doigt fin sur la bouche.
Elle regarda la porte s'ouvrir brusquement et manquait de sursauter. La dame leur avouèrent que la porte était en train d'être nettoyée et qu'il faudra repasser plus tard. Miyuri la regardait muette et quand elle referma la porte il enleva son doigt des lèvres.
Ils avaient du temps devant eux... Elle le regardait curieuse.

- Tu as faim?

Il venait d'arriver il devait surement avoir faim. Il reposait ses yeux mi-clos dans les siens, elle, elle le fixait en clignant de ses yeux noisettes. Peut-être elle connaitra un peu plus sur lui plus tard. Elle n'en savait trop rien. Tout ce qu'elle savait c'est qu'elle ne le laisserait pas tomber...

Un autre élève s'approchèrent d'eux, elle le fixait d'un regard suspect, il leur demandait si ils attendaient la secrétaire ou si ils pouvaient bouger car ils gênaient le passage. Miyuri tira porte-cendre par la manche et puis le lâcha plus loin..

- Bien allons quelque part ou il y a moins de monde...

Elle regardait le couloir à gauche puis à droite réfléchissant à une destination...

Un biscuit ? En lui, il avait froncé les sourcils d'incompréhension, mais en vrai il n'avait pas eu un seul geste. Elle avait l'air si gentille qu'il s'en voulu d'avoir penser qu'elle avait agi par pitié.
Il posa sa main libre sur son ventre et pencha sa tête vers celui-ci quand elle lui demanda s'il avait faim. Pendant son exil il s'était débrouillé pour manger ce qu'il trouvait, en gros pas grand chose, il avait beaucoup maigri et le mot saveur n'avait plus de sens pour lui. Il releva la tête et la hocha en signification que ça ne le dérangeait pas d'aller manger un peu, la nourriture civilisée lui manquait et il était curieux de savoir ce qu'on mangeait par ici.

Un élève vint leur demander maladroitement de bouger, alors Miyuri lui attrapa le bras et l'obligea à la suivre. Il suivit sans protestation ni résistance. Après tout elle connaissait mieux les lieux que lui, et en plus, il n'avait pas la volonté d'en faire autrement.

Moins de monde, oui, moins il y avait de monde, mieux il se sentait. Aedlan espérait tout de même que ça lui passerait, peut-être que lorsque tout le pensionnat connaitra sa véritable identité, il aurait moins d'angoisse à se balader en foule.

Le monde de l'adolescence était impitoyable, la moindre différence attirait les ennuies, ici c'était un peu différent, mais le fait de posséder un don ne changeait pas la nature humaine pour autant. Une question lui vint alors à l'esprit pendant qu'elle cherchait l'endroit où ils allaient se rendre.

-"Et toi, c'est quoi ton pouvoir ?"

Voyant qu'elle aussi avait faim, elle se demandait si ils ne passeraient pas d'abord par un distributeur pour prendre un petit quelque chose... Mais ce n'était pas très nutritif. Elle eut soudain une illumination. elle avait dans son sac des petits biscuit nature au beurre qui étaient très bon... Elle en prenait pour les animaux et pour elle. Elle les trouvait trop bon, tellement bon qu'elle en piquait quand il en restait après sa petite balade journalière. Elle s'arrêtât de nouveau quelques secondes, ouvrit son sac, fouilla dedans et sortit une boite de biscuits. Elle ouvrit la boite et offrit la boite à Aedlan tout en souriant puis quand il l'eut pris elle continua sa petite marche ayant déjà sa petite idée de ou ils pouvaient aller. Elle restait à proximité de lui décidée à ne pas avancer comme une forcenée pressée de quitter la surpopulation.

- Mon pouvoir...?

Elle avait cru qu'il l'avait deviné. Elle le regardait stupéfait puis rit discrètement dans son pull avant de lever la tête en souriant.

- Je communique avec les animaux, je leur parle, je les comprends, je lis en eux comme dans un livre ouvert... Et je les aimes...

Elle sourit puis regarda devant elle. Oui elle les aimait, elle ne pouvait pas imaginer une vie sans eux. L'homme était dépendant d'eux, sans eux le monde serait beaucoup plus difficile... Ils avaient autant de droit qu'eux... Évidement Miyuri était végétarienne. Logique. Elle n'arrivait pas à avaler de la viande, c'était plus fort qu'elle, une torture... Comme si on l'obligeait à manger son ami...

Ils avançaient vers la fin du couloir. Au bout il y avait une double porte vitrée qui annonçait qu'ils allaient sortir... Dehors il neigeait fort. Miyuri fit une grimace. Mais il fallait changer de bâtiment... Au foyer ça devait certainement être plein de monde... A la cafétéria aussi... Peut-être que dans la fameuse salle d'entrainement il n'y avait personne...
Elle leva un regard peu confiant vers lui...

- Tu aimes le froid? Ou je t'emmène dans un endroit chaud?

Elle montrait le froid par la double porte et le chaud dans l'autre direction ou les couloirs étaient remplis...

Lorsqu'elle lui ouvrit une boîte de biscuit devant le nez, il hésita un moment, puis en prit un, croqua dedans pour goûter... soupirant intérieurement parce qu'il ne ressentait pas le goût que ce biscuit avait, il le mangea comme si ça avait pu être n'importe quoi. Il mangeait d'une drôle de façon : plutôt de faire rentrer les aliments par le milieu de sa bouche, il le faisait pas les côté, comme pour arracher un morceau de viande à un corps, de cette façon il utilisait beaucoup ses canines qui, sans pour autant être aussi développées que sous sa vrai forme, était tout de même plus grandes que la moyenne.

-"Merci."

Puis ils continuèrent, il l'écouta expliquer son pouvoir, ça lui semblait logique après ce qu'il l'avait vu faire, mais il aimait être sûr de tout ce qui lui arrivait, et tant que les choses n'étaient pas clairement posées, il considérait qu'il subsistait un doute.

Ils s'arrêtèrent devant une double-porte entre-ouverte, il neigeait pas mal dehors, on sentait le froid entrer. Il n'hésita pas quand elle lui exposa le choix.

-"Le froid."

Elle n'aimerait peut-être pas, mais les intempéries ne le dérangeaient plus depuis qu'il avait vécu seul. Ils allaient passer la porte lorsqu'il enleva sa veste en cuir noir pour la déposer sur les épaules de Miyuri. Il ne lui avait pas jeter un seul regard en faisant çà. Il avança le premier dans la neige et s'arrêta, attendant la fille, levant la tête vers le ciel gris et la neige tombant, ce blanc se fondant avec ses cheveux.

Miyuri avait jeter un petit regard sur sa façon de se nourrir. Bizarrement ça ne lui faisait aucun effet, juste sourire. Il avait des belles canines autant en profiter.
Il la remercia tout de même, elle en fut heureuse, non pas parce qu'il l'avait remercié mais, elle avait l'occasion de pouvoir se lier d'amitié avec lui. Elle y tenait fort. Il était différent, pas au point d'en tomber amoureuse, juste rester proche.

A pas son plus grand étonnement il choisissait le froid. Miyuri n'en presque pas du tout étonnée par ce choix. Les couloirs étaient trop bruyant et trop peuplé. Elle ne voulait pas se faire marcher sur les pieds de nouveaux... Elle était déjà petite et le savait bien elle même... Pas besoin de l'ignorer totalement en la bousculant car elle était petite et que parce qu'ils étaient plus grand ils avaient tout les droits. Tout de même le froid de l'inspirait guère. Elle repensait à son parapluie dans on petit sac. Elle leva un petit regard vers lui et sourit. Ah! Elle supportera bien le froid une fois!

- J'aurais fait pareil...

Elle s'avançait vers la porte quand soudain un truc long lui fut posé sur les épaules. Elle en eut des frissons tout le long du corps et se retourna doucement pour finalement interpréter a l'aide d'indice diverse, tel que Aedlan était derrière elle, il n'avait plus sa veste... C'était la veste en cuire qu'il avait posé sur elle... Il n'avait déposer aucun regard sur elle. Elle fut stupéfaite glacée sur place quelques secondes le voyant passer devant elle. Elle sourit, finalement elle savait qu'il était gentil... Elle sourit.

- Merci quand même...

Elle franchit la porte derrière Aedlan. Un vent froid lui parcourus toute la colonne vertébrale et la force à refermer la veste. La veste lui tombait plus bas que sa jupe, à peine pouvait-on se demander si elle portait une jupe... et les manches pendaient bien de 20 centimètres. Mais voyons la qualité extraordinaire de cette veste. Elle lui tenait bien chaud. Elle sourit de plaisir comme si elle se trouvait dans son lit... Bien au chaud près d'un radiateur qui ...
Elle secoua la tête puis regardait au loin... Un petit chemin démarrait du bout de la cours de récré entouré d'arbre nu et enneigés... Elle leva le bras vers le chemin, la manche pendante.

- C'est par là... Il y personne maintenant... Il fait trop froid.

Elle en était persuadée. elle regardait en l'air les flocons tomber à grandes quantités... Un des flocons lui heurta l'oeil. Elle cligna des yeux puis sourit mais s'empêchait de rire... Elle avait déjà l'air assez stupide à regarder en l'air en souriant... Rire aurait été pire. Elle regarda finalement Aedlan...

- La neige est une froide beauté... J'aime particulièrement les paysage enneigés...

Son regard se dirigeait à fur et à mesure qu'elle lui parlait vers la cour qui n'enneigeait et blanchissait.
Puis elle lui sourit.

- J'espère que les biscuits te plaisent ^^

Il baissa la tête et regarda dans la direction qu'elle lui indiquait. Il la rejoignit pendant qu'elle se frottait l'oeil. Sa veste avait un col que l'on pouvait remonté, et le fit pour protéger le coup de Miyuri. Pourquoi est-ce qu'il agissait ainsi ? C'était comme si son propre sang le guidait, lui ordonnait plutôt, d'agir pour la protéger. Et il se laissait dominer. Il eut honte, il savait que c'était à cause de sa nouvelle destinée.

Il chercha une façon de lui répondre sans trop la blesser, concernant les biscuits, au final il choisit la façon la plus franche :

-"Tout a le même goût, ça me plait tant que ça nourrit."

Son T-shirt était à manches courtes, et bien qu'il neige abondamment, il n'avait pas froid. Le froid était quelque chose qu'il n'aimait pas, ça lui rappelait son accident et ses crises. En parlant de çà, est-ce qu'elle l'avait vu durant sa crise, devant le secrétariat ? Il était derrière elle et la suivait, il l'observa de dos en se posant cette question. Elle avait l'air si gentille qu'il concevait mal que, même en connaissant ce qu'il considérait comme sa faiblesse, elle puisse le faire souffrir.

-"Tu n'es pas obligé de faire tout çà."

Il avait rabaissé sa tête, la neige s'accrochant à sa peau nue de ses bras, blanchissant ses vêtements sombres et s'accordant parfaitement à sa couleur de cheveux.

Il n'y avait personne dans les rues, tout le monde était rentré chez soi, ou dans des boutiques pour se réchauffer un peu.

-"J'espère que tu n'as pas trop froid."

Bien que sa veste la couvre du cou jusqu'à une bonne moitié de ses jambes, elle était si large pour elle que le vent s'infiltrait dedans. Fermant les yeux, il fit pousser ses ailes dont il se servait pour l'abriter des intempéries. Comme il n'y avait personne, et que son sang lui dictait, il ne pouvait de toute façon pas faire autrement.

Miyuri lui laissa remonter la tirette jusqu'au menton pour lui protéger le cou. Elle cligna des yeux à nouveau. Elle voulut le remercier mais il fit alors le commentaire sur le biscuit...
Miyuri sourit... sa réponse ne l'avait pas étonné. Elle pourrait même en rire. Elle était de bonne humeur. elle sautillait presque sur place à coté à coté d'Aedlan qui marchait presque sinistrement. Mais ça lui faisait énormément plaisir. Elle y tenait, c'était plus fort qu'elle

- Ah... J'ai toujours trouvé des gouts différents à touts les aliments... le sucré du salé, l'acide du doux...

Il lui fallut un temps pour se rendre compte qu'il n'avait pas de manche et qu'il marchait en T-shirt... Elle voulut lui demander si il n'avait pas froid, prête a affronter le froid pour une bonne cause en lui rendant la veste... C'était le moindre qu'elle puisse faire mais de nouveau il la coupa...

"Tu n'es pas obligé de faire tout çà."

Elle sourit de nouveau puis regarda le chemin les yeux apaisés. Elle se demandait pourquoi est-ce qu'il posait ce genre de question... Peut-être n'avait-il pas l'habitude qu'on lui tienne autant compagnie? Ou il n'aimait pas sa présence... Cette idée lui fit un pincement au cœur. Elle ne voulait pas que ce soit le cas...

- Personne, ni rien ne m'oblige... J'agis par ma propre volonté, c'est la joie qui me guide, le bien... Mais je ne t'obliges pas à me suivre...

Elle se retourna vers son regard semi-clos, souriante. Elle savait qu'il ne montrerait aucune émotion... Finalement était-ce mieux comme ça? Allait-il changer? Elle n'en savait trop rien...

Dans les rues comme elle l'avait prédit il n' y avait personne... Le vide complet. Ils étaient les deux seuls humain en présence du froid... Le vent s'engouffrait et frappa la joue de Miyuri. Elle ferma juste les yeux cachant d'un bras son visage. Ses oreilles étaient déjà glacés mais peu importe, elle n'y faisait presque pas attention...
Elle leva un regard soucieux vers lui.

- J'ai surement plus chaud que toi...

Elle le fixait encore de ses yeux ronds face à ses yeux semi-clos... Il dévoila ses ailes. Miyuri regarda les ailes, toujours fascinée. Ou voulait-il en venir? Elle le fixait curieuse.

- Tu ne comptes pas fuir maintenant?

Elle le regardait toujours de ses yeux ronds. Pas maintenant? Il n'allait pas la laisser seule? Et si elle l'énervait?

Malheureusement pour lui, même s'il choisissait ses transformations, elles étaient toujours entières. La dernière question qu'elle lui posa, il l'entendit à peine et n'y répondit pas. Non, il n'allait pas s'en aller, il avait juste voulu empêcher le vent de passer en la protégeant de ses ailes, mais il n'eut pas le temps de finir son mouvement que ses griffes poussèrent, puis les crocs. Il s'était légèrement plié alors. Quand il se redressa, ses yeux changèrent pour montrer toute la noirceur d'une âme en peine, scellée à un destin qu'elle n'avait pas choisit. Il se redressa à l'aide de sa faucille.

Maintenant que c'était fini, il pouvait terminé ce qu'il avait commencé : il mit une aile autour de Miyuri pour la protéger du vent. Il pencha sa tête vers elle, ses yeux sans orbite, sans paupière, sans cil ni sourcil... il les plongeait toujours au plus profond du regard des autres. Habituellement, cela faisait peur, mais déjà quand il lui avait montré, elle n'avait pas été effrayée.

Il tourna la tête en se passant la langue sur ses crocs.

-"En effet tu ne m'oblige à rien, mais ce n'est ni moi, ni toi, qui décide de ma destinée."

Il ne pouvait pas fermer les yeux sous cette forme, aussi l'image de la fille qu'il avait sauvé, un véritable ange de la Mort, elle qui lui avait conféré cette malédiction.

Il rabattit sa seconde aile sur lui-même. Il était légèrement plus grand ainsi que sous son apparence humaine illusoire. Et elle, elle était si petite. Un tel tableau, on aurait un démon s'apprêtant à dévorer sa proie fragile et innocente.

Un chat roux vint se planter devant eux, le faisant sortir de ses pensées morbides, il le regarda un instant, de son air si familier et froid. Même sous cette forme, et peut-être encore plus, il était vide de sentiment.

» Un sommeil dès plus confortable. [ pv: Ouvert à tous.]
» Arrivée
» Arrivée...
» y aurait pas un bar ouvert dans ces ruelles
» Quand les arbres chantent [Ouvert]